Bébé refuse de manger et c’est l’angoisse qui gagne du terrain du côté des parents… Un sentiment totalement légitime car bien souvent on associe alimentation et bonne santé. Qu’on se le dise, chaque parent a envie que son bébé grandisse et progresse avec régularité dans les courbes de croissance de son carnet de santé1. Oui, mais voilà, nombreux sont les bébés qui auront un passage (plus ou moins long) où ils ne voudront presque plus manger. Tiraillés entre insister à chaque repas ou compenser avec des aliments « copains », les parents se sentent souvent démunis et dépourvus de solutions. Ici, vous découvrirez les causes possibles de ce comportement et des astuces à tester avec votre bébé pour sortir du tunnel. Promis, tout ira bien !
Pourquoi mon bébé refuse de manger ?
Différentes causes peuvent être le point de départ d’un refus de manger chez un bébé. Voici une liste (non exhaustive) des causes les plus fréquentes.
L’origine médicale
Les petites maladies hivernales (otites, gastro-entérites, etc) ou les poussées dentaires peuvent modifier pendant quelques jours l’appétit de votre bébé. En effet, son organisme est mis à l’épreuve et la fatigue se fait sentir, alors manger un repas complet peut lui paraître être une montagne haute à gravir. Si le refus de manger est corrélé avec un petit virus saisonnier ou une poussée dentaire, il est recommandé de fractionner les repas de votre bébé et de bien penser à l’hydrater régulièrement. En revanche, si la perte d’appétit s’installe jusqu’à ne plus manger du tout, qu’une perte de poids arrive et que votre bébé semble avoir un comportement anormal, vous devez impérativement consulter un professionnel de santé dans les plus brefs délais. D’autre part, certains bébés présentent dès la naissance (ou peu de temps après) un RGO (Reflux Gastro Œsophagien) ou sont diagnostiqués APLV (allergie aux protéines de lait de vache). Particulièrement douloureux, le RGO dans ses formes les plus sévères peut également impacter l’appétit de votre bébé notamment lorsque les mesures hygiéno-diététiques (changement de lait, etc.) sont mises en place tardivement.
Le refus de la cuillère
Depuis sa naissance, votre bébé a l’habitude d’un contact doux et chaleureux pour se nourrir (le mamelon de sa Maman en cas d’allaitement au sein ou une tétine souple s’il est nourrit au biberon). Ainsi, au début de la diversification alimentaire, la transition avec une cuillère en métal peut lui sembler froide. De même, une cuillère trop grande et non adaptée à la taille de sa bouche peut le freiner d’emblée. Vous pouvez laisser de côté la cuillère quelques temps pour encourager votre bébé à découvrir le contenu de son assiette avec ses mains. On lâche donc prise sur les bonnes manières à table et on accepte que Bébé s’en mette partout ! Enfin, le marché des cuillères pour bébé s’est adapté ces dernières années pour proposer des cuillères qui s’adaptent à leurs besoins : cuillère souple, cuillère d’apprentissage, grignoteuse, etc.
Des textures non adaptées
En dehors de la DME, la diversification alimentaire débute souvent par des purées lisses puis évolue progressivement vers des textures moulinées et enfin écrasées. Certains bébés auront des difficultés d’oralité avec les préparations qui mixent purée lisse et petits morceaux (bien souvent le cas des préparations industrielles). Ils peuvent avoir des haut-le-coeur et cela peut jouer sur l’acceptation du repas. C’est pourquoi, nombreux sont les bébés qui préfèrent les morceaux seuls et pas en association avec une purée lisse. D’une manière générale, les professionnels de santé recommandent l’introduction des morceaux avant les 10 mois de l’enfant. Au-delà, il y a un risque que l’alimentation soit de plus en plus difficile, sélective et aussi des risques de malformations orthodontiques plus tard (la mastication est très importante pour le développement dentaire et le positionnement de la langue).
La néophobie alimentaire ou l’hyper-sélectivité
Autour de l’âge de 18 mois, votre Bébé peut refuser certains aliments qu’il appréciait jusque-là, on parle dans ce cas d’hyper-sélectivité. Bébé peut également se montrer réticent à goûter des aliments nouveaux. Le rejet intervient bien avant le fait de mettre les aliments dans la bouche, parfois l’aspect visuel de l’assiette, l’odeur ou la texture des aliments suffisent à ce que votre enfant exprime très explicitement un « Non », repousse son assiette et vous tourne la tête. Une fois encore, ce passage est normal et ne constitue en aucun cas un trouble alimentaire. Votre médecin ou pédiatre reste l’interlocuteur privilégié. Surtout, si cette situation devient ingérable et que cela impacte la santé de votre bébé.
La recherche d’autonomie
En grandissant, vers l’âge de 18 mois approximativement, votre bébé exprimera parfois la volonté de faire seul pour les moments clés de son quotidien (repas, toilette, etc.). Le refus de manger peut donc en réalité dissimuler son désaccord que ce soit vous qui lui donniez à manger. Cette quête d’autonomie passe souvent par le fait de manger avec les mains.
La phase d’opposition
De même, à cet âge-là, les bébés passent par la phase d’opposition avec leurs parents et avec une intensité variable d’un enfant à l’autre. Cette étape dans leur développement affectif se caractérise par le rejet quasi systématique de ce que va dire ou faire le parent. Bien que déstabilisante et difficile à gérer pour les parents, cette étape transitoire est importante et nécessaire pour le développement de l’enfant. En effet, en s’opposant, Bébé développe son autonomie, commence à se détacher progressivement de ses parents et développe sa confiance en lui en exprimant ses opinions. Le meilleur exemple de cette phase d’opposition : les repas de bébé sont compliqués à la maison alors qu’à la crèche ou chez l’assistante maternelle tout se passe bien. Inutile donc, de chercher à freiner ce passage obligé car il est nécessaire dans la construction de votre enfant. En revanche, en tant que parents votre rôle est de fixer un cadre avec des limites à ne pas franchir (ne pas jeter la nourriture, pas de grignotage, etc.) et d’aider votre enfant à comprendre et nommer les émotions qui le submergent au moment du repas notamment.
Je suis parent : comment réagir si mon bébé ne veut plus manger ?
Zen soyons zen
On inspire et on souffle pour garder son calme car s’énerver ou s’inquiéter lorsque bébé refuse de manger ne serait que contre productif… Facile à dire, pensez-vous probablement ! Il est vrai que, paradoxalement, l’alimentation reste un sujet particulièrement ambivalent. À la naissance de leur bébé, les parents sont invités à noter scrupuleusement les tétées, les quantités bues (pour les bébés allaités au biberon). Quand la diversification alimentaire se met en place, là encore la maîtrise s’invite au menu (grammage précis de protéines, une cuillère à café de matière grasse…). Cette rigueur, bien qu’indispensable pour apporter la juste dose de nutriments à Bébé, ne fait que conforter le sentiment de contrôle du parent sur l’alimentation de son bébé. Alors quand on se retrouve dans la situation où notre bébé refuse de manger, lui qui jusqu’à présent était un bon mangeur, il est normal pour le parent d’avoir le sentiment de perdre pied et de s’inquiéter.
7 astuces à suivre côté parents si votre bébé refuse de manger
Voici des pistes pour relativiser si votre bébé refuse de manger et aborder cette situation sous un autre angle :
- Restez maîtres de vos émotions : rangez la panique ou la colère au placard ;
- Ne forcez jamais votre enfant : s’il refuse un aliment, proposez-lui de nouveau dans les jours qui suivent et toujours avec bienveillance ;
- Ne vous découragez pas au premier refus : il faut parfois 10 tentatives pour que votre Bébé accepte enfin un aliment ;
- Ne tombez pas dans la surenchère : on ne félicite pas un enfant qui a terminé toute son assiette et à contrario on ne réprimande pas un enfant qui mange peu (ou pas du tout). Il en va de même pour le fameux chantage « Pas de dessert si tu ne finis pas ton assiette » ;
- À table, évitez de surveiller ce que mange votre Bébé et dans quelles proportions. S’il en laisse dans son assiette et vous exprime qu’il n’a plus faim, prenez le comme un signe positif : votre enfant grandit et a bien intégré le principe de satiété ;
- Si votre enfant mange peu, évitez toutefois de compenser par des aliments copains (gâteaux industriels par exemple) ou par un double dessert ;
- Soyez fermes sur le grignotage en dehors des repas : c’est ok de ne pas vouloir goûter ou manger tout son repas. En revanche, manger se fait sur des temps définis dans la journée (matin, midi, goûter et soir). Vous êtes son modèle sur ce point, vous devez être exemplaires.
6 pistes pour encourager bébé à manger avec envie
À vous de piocher, tester et adapter les conseils que nous vous proposons à suivre si votre bébé refuse de manger. L’objectif est de retrouver rapidement plaisir et sérénité à chaque repas.
Faites lui découvrir un maximum de saveurs sur la tranche 6-18 mois
Les professionnels de santé recommandent de profiter de la période de néophilie (à partir de 4-6 mois jusqu’aux 18 mois de l’enfant) pour lui faire découvrir un maximum de saveurs et textures (sous réserve de respecter les recommandations officielles du carnet de santé puisque certains aliments comme le miel sont à proscrire avant l’âge d’un an). Aujourd’hui, on ne conseille plus nécessairement de proposer le même légume à votre bébé pendant plusieurs jours de suite. En effet, il est plus facile pour l’enfant d’accepter de la nouveauté un peu chaque jour car cela fait partie de ses habitudes. Une étude scientifique avance même certaines prédispositions in utero. Une alimentation variée et équilibrée pendant la grossesse et l’allaitement faciliterait l’acceptation des aliments par l’enfant plus tard. Toutefois, que toutes les mamans ou futures mamans se rassurent ! Elles ne doivent en aucun cas se sentir responsables si leur enfant refuse de manger. En effet, les causes sont multiples comme nous l’avons expliqué précédemment.
Chaque repas a son importance
Mangez ensemble, au calme, en pleine conscience de l’instant présent et sans distractions inutiles (pas d’écrans, de jouets…). Le repas doit être un moment privilégié avec votre Bébé où vous prenez le temps d’échanger avec lui. Montrez-lui à quel point le repas peut être un chouette moment passé ensemble !
Faites participer votre bébé à la préparation du repas
Improvisez une sortie au marché pour faire découvrir les aliments bruts à votre enfant. Une belle opportunité de nommer avec lui les fruits et légumes, de lui faire sentir et toucher… De retour à la maison, la préparation du repas peut être l’occasion de faire participer votre bébé. La participation peut prendre différentes formes : pour les plus petits il peut s’agir simplement d’observer depuis leur chaise haute alors que les bébés plus grands (qui tiennent debout) peuvent participer depuis leur tour d’observation (toujours sous votre surveillance bien évidemment).
Mangez la même chose que votre bébé
Souvenez-vous que votre enfant vous observe et agit par mimétisme. Alors il va de soi que si le contenu de votre assiette n’a pas la même couleur que celle qu’il a devant ses yeux, vous allez au devant d’un refus catégorique. Autrement dit, les brocolis sont au menu de tout le monde ou rien !
Variez les présentations dans l’assiette et jouez sur l’aspect visuel
Laissez libre cours à votre créativité et proposez des assiettes ludiques en représentant par exemple le visage d’un bonhomme avec les aliments. Les assiettes compartimentées peuvent aussi être une solution car elles permettent à l’enfant de bien catégoriser visuellement les différents aliments et de les goûter indépendamment les uns des autres. Proposez des petites portions et ne cherchez pas à remplir entièrement l’assiette de bébé, au risque que cela lui semble insurmontable. Enfin, il y a de nombreuses manières de proposer un aliment à un bébé : cru, râpé, cuit à la vapeur, en gratin… Par exemple, le chou fleur est mieux accepté sous forme de gratin plutôt que cuit à la vapeur. Vous pouvez également ruser en proposant de la « finger food ». Il s’agit de versions salées innovantes réalisées avec des moules en silicones destinés initialement à la pâtisserie (moule à cannelés, moules bonhommes pain d’épices par exemple). Progressivement (mais sans trop attendre non plus), nous recommandons de réintégrer dans l’assiette l’aliment brut au côté d’une préparation type « finger food ». Votre enfant doit pouvoir intégrer visuellement à quoi ressemble et le goût de l’aliment dans sa version brute et non transformée.
L’importance du jeu d’imitation en dehors des repas
Jouer à la dînette, improviser un repas comme au restaurant avec ses poupées, parcourir un livre sur les légumes… Autant de scènes de jeu d’imitation qui peuvent éveiller la curiosité de votre bébé et l’encourager à accepter le contenu de son assiette.
En bref
L’alimentation est un apprentissage qui se fait progressivement au fil des années et qui dure bien au-delà de la petite enfance. Chaque enfant est différent et évolue selon un rythme qui lui est propre. Souvenez-vous que le refus de manger chez un bébé est un passage fréquent et normal. En outre, faites confiance à votre bébé et faites-vous confiance en tant que parents pour que chaque repas soit un moment partagé dans l’apaisement et non dans le conflit. Vous avez été confronté à cette situation avec votre bébé ? Partagez-nous votre retour d’expérience et vos astuces en commentaires pour aider d’autres parents en difficulté !
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- Retrouvez toute la gamme alimentation sur notre site pour les repas de votre bébé : laits et préparations infantiles, purées et repas complets, goûters et desserts.
- Selon les recommandations officielles de l’OMS, le lait maternel exclusif reste l’aliment le plus adapté jusqu’aux 6 mois de l’enfant. Puis, jusqu’à l’âge de 2 ans et plus, l’allaitement doit être associé à la diversification alimentaire. Si vous ne pouvez ou ne souhaitez pas allaiter, nous vous invitons à vous rapprocher d’un professionnel de santé. ↩︎
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