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Éducation

Retour d’expérience sur la Méthode Singapour

Pour vous aider dans l’application de la méthode Singapour, nous vous proposons de découvrir l’avis de Marie-Jo Brosset, une enseignante de Grande Section/Cours Préparatoire, ainsi que quelques astuces pour mettre en place cette méthode.

Faisons connaissance, pouvez-vous vous présenter et présenter votre métier ?

Voilà 40 ans bientôt que je fais la classe ! J’ai travaillé auprès d’enfants de la GS au CE1. Métier de vocation et de passion, métier d’une grande richesse relationnelle, je me suis principalement préoccupée de l’apprentissage de la lecture avec le cours préparatoire. Année extraordinaire où l’on voit l’enfant accéder à un trésor : la lecture !

Pourquoi avez-vous décidé de mettre en place la méthode Singapour dans votre classe ? (ou dans vos différentes classes)

Pendant ces quelques quatre décennies, j’ai réfléchi à la manière de développer chez l’enfant les compétences et savoirs fondamentaux qui structurent la personne et dont dépendent les apprentissages ultérieurs : se repérer dans l’espace et le temps, lire, écrire, compter, calculer, raisonner… J’ai donc toujours recherché des méthodes qui facilitent pour tous les processus cognitifs. J’ai commencé par adopter une méthode alphabétique à l’époque ou le ” semi-global ” était plutôt de mise puis j’ai continué en mathématiques avec la méthode de Singapour que j’ai découverte, je pense en 2008 par la maison d’édition La librairie des écoles. J’ai commencé à l’appliquer partiellement en CP-CE1 puis aujourd’hui, je l’utilise dès la GS sans en être une spécialiste cependant. La méthode de Singapour m’attirait par sa pédagogie explicite, allant du concret vers l’abstrait d’une manière très progressive. Très visuelle et ritualisée, elle permet, lorsque l’on a deux cours, une autonomie des élèves beaucoup plus grande et plus facile à gérer pour le maître. Une conception de la progression en spirale permet aux enfants des révisions fréquentes dans d’autres contextes qui réactualisent les connaissances. La méthode de Singapour développe particulièrement la flexibilité mentale.

Quel matériel utilisez-vous pour appliquer cette méthode ?

J’utilise cette année les fichiers de l’édition 2019 et les fiches photocopiables. En matériel, les cubes multidirectionnels, le matériel de base 10, des jetons, des bûchettes, des bandes numériques individuelles, des images agrandies pour un travail collectif au niveau des situations problèmes.

Sur quel(s) niveau(x) scolaire(s) avez-vous utilisé cette méthode ?

Je l’ai utilisée de la GS au CE1.

Comment procédez-vous pour expliquer cette méthode aux enfants ?

C’est une méthode qui se révèle très simple et pleine de bon sens. Quelques codages ou schémas au début du CP sont à intégrer pour comprendre le total et les parties, mais très vite on utilise le langage mathématique universel : +, -, =, <, >, x. La verbalisation de ce que l’on voit se fait par chaque enfant en fonction de son niveau de langage et d’expression et l’on apprend à transcrire ce que l’on dit en langage mathématique et vice versa. La manipulation des cubes concentre l’enfant et les dessins mettent en scène des situations très faciles à comprendre pour un jeune enfant. L’enfant se trouve presque toujours en réussite et ne se décourage pas.

Les enfants comprennent-ils rapidement cette méthode ?

Oui et non selon le niveau de chacun. Ce n’est pas une méthode miracle et la compréhension des concepts est un long processus plus ou moins accessible aux élèves selon leur niveau de développement et leurs capacités (rigueur, mémoire, attention, motivation…).

Les résultats sont-ils à la hauteur de vos attentes ?

Pour juger de l’efficacité d’une méthode, il faudrait être en mesure de l’appliquer sur tout un cursus ce qui n’est pas le cas dans notre école. Les élèves en revanche se révèlent dans l’ensemble normalement compétents lors des évaluations nationales de CE1. Il faudrait étudier cela de plus près. En revanche, si on l’utilise sur quelques cours, elle ne pénalise pas l’enfant pour les années suivantes.

Est-ce que les enfants ont pris davantage plaisir à faire des mathématiques avec cette méthode ? Et pourquoi ?

Le plaisir que l’on prend à faire des mathématiques ne dépend pas que d’une méthode. Cependant l’utilisation du matériel concret plaît beaucoup aux enfants même si pédagogiquement ce n’est pas toujours aussi facile qu’on pourrait le croire. L’enfant peut être tenté de jouer plutôt que de réfléchir ! Soyons réalistes ! Les images des fichiers sont très attrayantes et attirent le regard de l’enfant qui se prend au jeu lors de la description. En étant régulier, l’élève prend de plus en plus plaisir à verbaliser les situations problèmes et gagne petit à petit en compréhension car la petite voix intérieure qui permet de se parler pour réfléchir et écrire devient plus systématique. Le renforcement positif a plus souvent lieu. L’enfant a envie de recommencer à réfléchir sur une nouvelle situation.

Avez-vous des points négatifs et/ou positifs à souligner pour cette méthode ?

Comme toute méthode, il revient au maître de l’appliquer avec bon sens. Plus l’on a d’expérience, plus on se détache des détails et l’on va à l’essentiel en fonction de la structure de classe que l’on a : un, deux ou trois cours, 15, 20 ou 30 élèves… La réitération reste capitale pour que les concepts soient compris.

Auriez-vous des conseils à donner aux enseignants et/ou parents qui souhaitent enseigner les mathématiques avec cette méthode ?

Le fichier du maître est un très bon guide, facile à comprendre. Tout enseignant a les capacités pour adapter l’approche en fonction de sa classe. Quant aux parents, ils auront l’avantage de ne pas gérer beaucoup d’élèves en même temps ; cela permet un réel dialogue avec son enfant et une observation pointue de ses stratégies d’apprentissage, de ses manques et faiblesses. La remédiation est peut-être plus aisée qu’en classe cependant il y manque dans ce contexte l’émulation des pairs qui a lieu dans un groupe. Le parent qui fait la classe à la maison peut guider son enfant sur plusieurs années et obtenir sans aucun doute de bons résultats.

 

Merci à Marie-Jo Brosset – École Notre Dame du Chêne Rond

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