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Éveil & apprentissage

Mon enfant se met en colère, tape et mord. Que faire ?

« Vous savez qu’une vie de parent sans éclats n’existe pas. »
Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre

Enfant agité, enfant en colère, qui tape et/ou qui mord… Ces irruptions de gestes agressifs, en famille ou en structures d’accueil, sont souvent délicates à appréhender. Pourquoi l’enfant fait-il mal, est-ce d’ailleurs sa volonté première ? Que veulent dire ces comportements et comment les accompagner au mieux ? Après un tour sur les dernières études du développement des jeunes enfants à travers leurs interactions sociales, on vous dit (presque) tout sur le sujet !

Violence, agressivité, colère : quésaco ?

Commençons par trois définitions ;

La violence est l’emploi d’une force brutale sortant du cadre de la “normalité” des interactions sociales.

L’agressivité (du latin ad-gressere, aller vers) appartient aux comportements d’adaptation humains lors des interactions sociales. Elle englobe une notion de survie, de défense de son espace vital. En compétition sportive par exemple, quand on souhaite se dépasser pour être le meilleur, c’est une manifestation de notre agressivité.

L’agressivité et la violence sont régies par des régions du cerveau différentes.

La colère est, quant à elle, une émotion primaire qui peut être à l’origine de l’emploi de l’une ou de l’autre selon les contextes.

Bébé tape et mord

L’usage de la force involontaire (le nourrisson mord son interlocuteur ou le tape sans lien avec une éventuelle situation de frustration ou de colère) semble être commun à la plupart des tout-petits. Il s’agirait là d’une étape du développement psychoaffectif et relationnel, dont l’intention serait l’exploration sociale : on ne parlera donc pas de tendances agressives volontaires chez Bébé, mais de découverte de l’univers qui l’entoure avec des gestes encore peu contrôlés et imprécis.

anneau à mordre
hochet dentition

Le tout-petit découvre le monde sans langage, la bouche est, dans ses premiers mois de vie, un organe de découvertes important (lait, tétée, doigts, pieds, doudou…) ; combien de parents s’exclament au quotidien que leur poupon met tout à la bouche ?! Concernant les morsures, il n’est pas non plus rare que Bébé morde au moment de ses poussées dentaires, dans un espoir probable de soulager ses gencives endolories. Là encore, pas d’intention première de nuire ou de blesser de sa part. Pour l’aider et limiter ces comportements, on lui propose des anneaux de dentition réfrigérants ou encore un hochet de dentition en caoutchouc naturel.

L’emploi de gestes involontaires provoquant une douleur chez l’autre tend à diminuer vers les 2 ans et demi. Selon les chercheurs, à ce stade, la capacité à percevoir la souffrance provoquée chez l’autre pourrait s’accroître, tout comme la conscience de faire mal. Pour autant, les capacités empathiques de Ptiloup sont encore en cours de développement.

Mon enfant tape et mord

Cependant, l’usage volontaire de force physique augmente vers 2 ans et demi, car entrent en jeu de nouvelles interactions sociales (à la crèche, à l’école maternelle etc…) avec d’autres Ptiloups et un nouvel apprentissage : le relationnel avec ses pairs (hors parent), la vie en (micro)société et toutes les émotions qui vont en découler !

Vous êtes le modèle des enfants

Parents comme professionnels de la petite enfance, gardez-le toujours à l’esprit : vous êtes leur modèle. Didier Desor (professeur des Universités, enseignant en Neurosciences du comportement) et François Math (Neurologue et Neurophysiologiste) écrivent en ce sens :

« Ce n’est que l’apprentissage dans le cadre familial et scolaire qui lui permettra, en se socialisant, de maîtriser sa violence. L’enfant n’est pas un adulte. Son apprentissage des comportements, des gestes et des mots intègre ce que les aînés lui montrent (…). ».

Mais… Pourquoi mon enfant tape ou mord ?

Difficile de proposer une réponse générale car, et on ne le dit que trop souvent, chaque enfant est différent. Chaque situation de conflit l’est tout autant et son contexte doit être pris en compte pour résoudre la question. Il est important de rappeler cependant qu’en bas âge et quand le langage n’est pas – du tout, ou pas encore – totalement maîtrisé, le corps pourrait parfois prendre le relai pour exprimer ce que Ptiloup ne sait pas encore dire.

Faut-il prévenir toutes les situations conflictuelles et empêcher toutes les colères ?

On vous répondrait bien oui… et non. Les enfants apprennent par l’expérience. Vous ne pourrez pas empêcher toutes les disputes (entre copains/copines et/ou entre frères et sœurs), et ce sont des expériences par lesquelles les enfants vont acquérir les bases de leurs futures compétences relationnelles et émotionnelles. La prochaine fois (ou la suivante) peut-être qu’Arthur ne se jettera pas toute main tendue sur la joue de Tom pour lui arracher son jeu, mais lui demandera d’abord s’il veut bien lui prêter. Apprendre à résoudre seul un conflit aujourd’hui, c’est aussi faciliter leur future vie d’adulte.

On n’encourage pas pour autant au laisser-faire et à la non-intervention des adultes ; vous devez évidemment garder un œil attentif sur toutes les situations, et surtout celles susceptibles de dégénérer physiquement pour intervenir avant que n’ait lieu le geste de trop (morsure, gifle etc).

Gestion de crise vers un retour au calme

Si vous arrivez trop tard, le premier réflexe est bien évidemment de séparer les deux enfants. Et le mot d’ordre (après avoir réconforté et effectué les soins nécessaires pour la blessure de guerre) : tout expliquer avec des mots simples aux deux protagonistes (celui qui a tapé/mordu, celui qui a été tapé/mordu). On ne banalise évidemment pas le geste : il n’est pas autorisé.

“ Arthur n’a pas l’habitude de partager ses jouets. Il voulait le camion avec lequel tu jouais, et il t’a fait mal pour avoir le camion. C’est interdit de faire mal et maintenant, Arthur le sait. ”

“ Ici, les jouets sont à tous les enfants. On apprend à les partager tous ensemble. Tu as fait mal à Tom et il est triste. C’est interdit de faire mal, même quand on veut un jouet très fort. “

imagier des signes

Si le langage n’est pas bien en place chez l’un comme chez l’autre, vous pouvez doubler vos explications de quelques signes. Il est important que les enfants entendent (de vous ou de l’autre) les émotions provoquées chez eux par ce qui vient de se passer. Colère ? Tristesse ? S’ils sont en capacité de verbaliser leur ressenti, on les y encourage. Les Ptiloups sont encore dans l’âge où ils ont besoin d’être accompagnés pour apprendre à réguler leurs nombreuses émotions seuls. On n’hésite pas à proposer l’intervention de nos meilleurs alliés, les coussins attrape-colère et retour au calme :

coussin retour au calme

Des idées pour un retour au calme des enfants

Ma douce et calme boule de poils

À la maison, le contact d’un animal de compagnie avec Ptiloup peut être bénéfique. Le lien qui se crée entre les deux est un formidable régulateur d’énergie et apprend à Ptiloup les bases de l’adaptation sociale. En effet, il va devoir apprendre à maîtriser sa force et ses gestes au contact de l’animal. On veille évidemment à être toujours présent lors de leurs interactions.

L’initiation sportive pour réguler les émotions

L’initiation à la pratique sportive est non seulement une aide à la régulation émotionnelle, mais aussi un apprentissage des valeurs sociales fondamentales. Lors des activités sportives, les enfants peuvent relâcher leur énergie au sein d’une activité réglementée.

Et si l’agressivité perdure ?

Les apprentissages sociaux psychoaffectifs de la vie entre pairs sont nombreux et de fait, complexes à tous assimiler d’un seul coup pour un petit cerveau en construction ; la période d’ajustement peut légitimement vous sembler très longue ! Cependant, si l’agressivité de Ptiloup perdure et s’accentue, n’hésitez pas à vous rapprocher de professionnels de santé qui sauront vous conseiller pour l’accompagner au mieux.

Nos articles sur la même thématique :
Pour aller plus loin :
  • Patrick Ben Soussan, De l’art d’élever des enfants (im)parfaits (Erès, 2018) et Comment Survivre à ses enfants ? Ce que la parentalité positive ne vous a pas dit (Erès, 2019).
  • Infants’ unprovoked acts of force toward others Audun Dahl Department of Psychology, University of California, Santa Cruz, USA 2015
  • Comprendre la violence des enfants. L’apport des neurosciences, sous la direction de Math François, Desor Didier, Witkowski Pierrette (Dunod, 2015).

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