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Éveil & apprentissage

Le challenge du pot

Apprendre la propreté… Serions-nous sales ?

Pour être honnête, dire d’un enfant qu’il est enfin “propre” sonne un peu étrangement à nos oreilles aimables. Cela signifierait-il qu’il n’était qu’un petit cochon ? Bien sûr, l’envie d’initier son enfant à la propreté au plus tôt est tentante. Supprimer les couches en fait rêver plus d’un. Comment est-il possible d’acquérir l’apprentissage de la propreté ? Comment cela se passe dans le monde ? Et si cet apprentissage tarde à se mettre en place, est-ce raisonnable de s’inquiéter ?

La propreté : comment ça se passe dans le monde ?

Si dans les pays occidentaux l’usage de la couche jetable est massif et le pot est devenu un rituel de passage de l’âge de bébé à celui de “grand”, il n’en est pas de même partout.

En Côte d’Ivoire par exemple, les Beng commencent l’entraînement dès que le cordon ombilical tombe. Des lavements sont pratiqués afin de ne pas avoir de selles dans la journée. L’usage de la couche n’étant qu’anecdotique, cette pratique s’explique avec les précisions de l’anthropologue Alma Gottlieb.

En Chine, les bambins des campagnes sont vêtus de pantalons fendus dès 2 ans. Ce dispositif permet de faire ses besoins sans souiller ses habits quand l’enfant s’accroupit. Ce ne sont que 2 exemples mais ils sont présentés pour se rappeler que chaque culture nous propose des injonctions différentes et qu’il est important de prendre du recul sur nos pratiques.

Comment faire ?

Quelles sont les différents éléments à prendre en compte pour se lancer dans la grande aventure du petit pot ? Nous vous livrons ici le fruit de nos modestes recherches sur la démarche axée sur l’enfant.

Bébé est-il prêt pour la propreté ?

Répondre à ce besoin physiologique est un processus naturel et spontané. L’enfant est pleinement acteur de cette étape et lui seul pourra en déterminer le passage.

L’apprentissage dit de la propreté a lieu entre 2 et 4 ans. Il y a deux critères à retenir avant de commencer à voguer vers son succès :

  • Ptiloup doit être prêt physiquement. A partir de 2 ans en moyenne, l’enfant est en mesure de contrôler ses sphincters et de déterminer si ses organes sont “pleins”. S’il est en mesure de s’asseoir sur le pot ou le réducteur de WC, de se déshabiller partiellement et de garder sa couche propre plusieurs heures, il est sur la bonne voie pour se lancer.
  • Ptiloup doit être prêt psychologiquement. En d’autres termes, il doit en avoir envie et participer à ce projet activement. Est-il curieux sur le sujet ? Vous fait-il signe lorsque sa couche est pleine ? Exprime-t-il ses besoins ? Répond-il à une consigne simple ? Si oui, vous pouvez envisager de vous atteler au projet de la propreté. Sinon, vous pouvez patienter en décrivant à l’enfant au moment du change ce qu’il y a dans sa couche. Evitez toutefois de dire que c’est “sale” ou que l’odeur est affreuse (même si vous le pensez très fort) car un jugement de valeur ne ferait qu’inquiéter l’enfant.

Y a-t-il un bon moment ? 

Bien sûr, vous avez très envie de vous débarrasser de ces couches qui engoncent votre bébé, l’entravent dans ses expéditions, polluent lamentablement l’environnement et représentent un budget non négligeable pour votre portefeuille. Mais trop se précipiter peut être ici contre-productif. Profitez de sa maturation et d’une période sereine pour vous lancer dans l’aventure : pas question de commencer pour fêter le déménagement ou l’arrivée de Bébé n°2. Même si l’été est une période sympa (peu de vêtements à enlever, beaucoup de jeux d’extérieur pour limiter les accidents dans la maison), ce n’est pas le seul moment possible et vous pouvez vous fier à l’envie de votre enfant, s’il ne veut pas en été, cela devra attendre l’automne, ou l’hiver, ou même le printemps. Patience, ce n’est pas un si gros enjeu finalement. Quand il sera prêt, il vous le fera savoir et cela se passera beaucoup plus simplement que vous ne l’imaginez.

Comment intégrer le passage au WC dans sa routine ?

Nous y voilà, il connaît le pot ou le réducteur et il essaye de temps à autres d’y effectuer un passage avec plus ou moins de succès. Bien sûr, vous le félicitez à chaque tentative sans vous arrêter sur les pots vides.

Maintenant, vous pouvez lui proposer d’aller aux toilettes aux heures où il vous (lui) semble important d’y aller : au réveil, après manger, avant d’aller se coucher… Lui proposer ne doit pas l’empêcher d’y aller de sa propre initiative. S’il ne souhaite pas y aller avant le repas mais qu’il en exprime le besoin 10 min plus tard, évitez les reproches (même si c’est un peu crispant) et félicitez sa capacité à écouter son corps. Être trop rigide risquerait de l’inciter à se retenir outre mesure (avec les risques de constipation liés) et à l’empêcher de s’adonner pleinement à ses jeux.

Encouragez-le à rester un peu plus longtemps sur le pot si vous voyez que rien ne vient mais sans pour autant le forcer. Nous vous conseillons d’éviter de lui proposer jouets ou livres qui, bien qu’ils permettent de rester plus longtemps, le distraient.

To slip or not to slip ?

Votre enfant serait-il prêt pour le grand saut dans une culotte 100% coton ? S’il va régulièrement au pot, vous pouvez envisager le passage à la culotte et organiser une vraie fête du slip (et oui, il faut montrer que c’est une fête !). Il est ici important de garder en tête que des accidents vont arriver et que de nombreuses culottes vont subir des assauts. C’est normal ! Si un accident survient et que chaton vient vous en avertir, félicitez-le de vous le dire (même si la perspective d’aller tout nettoyer n’est pas vraiment réjouissante). Si la culotte reste sèche, félicitez-le aussi. Et si elle n’est plus étincelante, tant pis, changez-la. Si la culotte est systématiquement souillée dans vos premières tentatives, vous pouvez repasser aux couches, voire aux culottes d’apprentissage momentanément. Ce n’est pas un échec, mais un exercice de brouillon pour mieux faire au propre la prochaine fois.

Quel matériel utiliser ? Pot ou WC ?

Et voici qu’arrive LA grande question de l’équipement nécessaire à l’acquisition de la maîtrise des sphincters. Quel serait l’objet idéal pour apprendre ? Un adaptateur ou réducteur de toilettes ? Un petit pot ? Une échelle de toilettes ? Des toilettes miniatures ?

Il n’existe pas de solution miracle mais vous devez avoir en tête que le matériel devra être en accès libre à l’enfant. Un pot posé dans le coin des toilettes ou un réducteur et un petit marchepied sont les solutions les plus faciles à mettre en place. Le réducteur à l’avantage de ne nécessiter aucune adaptation par la suite pour passer aux toilettes de grands. Si vous souhaitez vous exercer à la plomberie et que (comme moi) vous trouvez que les mini toilettes des crèches sont craquantes, vous pouvez aussi envisager de construire des toilettes en dur mais l’investissement financier/espace/temps est peut-être un peu disproportionné dans le cadre d’un usage domestique ;).

Pour l’apprentissage d’une hygiène irréprochable, n’hésitez pas, comme Gargantua, à tester les différentes solutions à votre disposition comme le papier toilette, le gant ou la lingette lavable. Rabelais faisait ainsi état avec verve des tribulations de son héros ;).

Si ça ne se passe pas comme prévu ?

Certains bébés peuvent être paniqués à l’idée de “perdre” cette partie d’eux-même. Vous pouvez accompagner votre petit à comprendre que son corps est un peu comme un contenant : des éléments entrent, d’autres sortent. Pour cela, n’hésitez pas à sortir des jeux de transvasement pour qu’il l’intègre pleinement.

Et mon intimité alors ? Il est fortement conseillé de montrer “le bon exemple” à vos bambins en matière de toilettes. Bien que cela soit particulièrement bénéfique dans son apprentissage, vous n’êtes pas forcément à l’aise avec l’idée. Pourquoi en serait-il autrement pour votre enfant ? Respectez ce besoin.

Les régressions sont courantes. Il peut arriver que Ptiloup, après avoir été propre pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois retourne dans une phase d’accidents. N’en prenez pas ombrage et reprenez les étapes de l’apprentissage comme expliquées ci-dessus.

Avant de vous inquiéter, sachez qu’avant 4 ans, pas de stress ! Après cet âge, s’il ne manifeste aucune envie d’acquérir la science des sphincters, n’hésitez pas à en parler avec un professionnel de santé de confiance. Votre médecin de famille ou votre pédiatre peuvent vous accompagner.

Énurésie, miction et autres bonheurs à comprendre

Afin d’aller plus loin, nous vous proposons un petit dictionnaire des mots les plus tendres, les plus charmants et les plus troublants sur le thème tant de fois abordé (mais jamais sans saveur) du pipi (et du caca évidemment). Ainsi, nous ne nous satisferons pas des mots les plus banals pour expliquer aux enfants ce qui se passe dans leurs bidons et dans le pot.

  • Sphincters : ce sont ces muscles qui permettent de contrôler les flux. Ainsi, il est plus correct de parler d’acquisition du contrôle sphinctérien plutôt que d’apprentissage de la propreté.
  • Miction : l’action d’uriner.
  • Déféquer : l’expulsion des matières fécales.
  • Énurésie (nocturne) : plus facilement appelée pipi au lit, est la survenue involontaire de miction de l’enfant de plus de 5 ans.
  • Méat urinaire : l’orifice externe du système urinaire.
  • Vessie : est le réservoir stockant l’urine.
  • Colon : est la zone où sont stockées les selles après avoir accompli un fabuleux voyage à travers notre corps et avant d’être expulsées via l’anus.

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