Prendre en considération les émotions de l’enfant, mettre des mots sur la colère, la peur, la tristesse, la joie et le dégoût est essentiel pour lui permettre de les identifier, d’apprendre à les nommer et petit à petit, à partir de 5/6 ans, de commencer à les surmonter.
Avant 4/5 ans, l’enfant est en proie à de grandes tempêtes émotionnelles, qu’il traverse sans aucun filtre. Il est inutile de le menacer ou de le punir, il ne s’agit pas de « comédies ». Si l’enfant est seul en proie avec ses peurs, ses angoisses ou ses colères, son organisme sécrète des molécules de stress très toxiques pour son cerveau fragile et l’empêche de maturer.
Le rôle de l’adulte
Le rôle de l’adulte est fondamental car le très jeune enfant ne peut pas contrôler seul ses émotions. Elles ne sont ni bonnes ni mauvaises mais constituent une réaction biologique à un événement extérieur vécu par l’enfant. Les émotions sont donc des signaux essentiels pour les professionnels afin de prendre en compte l’état de l’enfant, sans jugement. Écouter les émotions de l’enfant avec bienveillance procure un grand bien être chez l’enfant qui se sent reconnu.
L’attitude adéquate des adultes avec les enfants sera :
- de mettre des mots sur les émotions des enfants (ex. : tu es triste, tu as eu peur…) ;
- de comprendre l’émotion (tu es… parce que… et c’est dur pour toi) ;
- d’apaiser l’enfant par un ton chaleureux, une attitude compréhensive et affectueuse.
Quand l’enfant se sent en sécurité et en confiance, son organisme sécrète de l’ocytocine, l’hormone du confort et du bien-être.
La compétence émotionnelle
La compétence émotionnelle est un processus de développement qui comprend trois compétences liées entre elles : l’expression des émotions, la connaissance des émotions et la régulation des émotions.
Très jeune, l’enfant éprouve déjà une vaste gamme d’émotions dans des situations sociales et dans des échanges non verbaux (sourire, pleurer, faire un câlin, bouder). Au fur et à mesure que le développement cognitif progresse, et que le cerveau émotionnel mature, les enfants peuvent reconnaître leurs propres émotions et celles des autres. Cette reconnaissance et compréhension des émotions permet aux enfants de contrôler et de modifier leurs émotions afin de faire face à des situations conflictuelles ou complexes.
Comparativement aux enfants éprouvant des problèmes de développement émotionnel, les enfants dont l’intelligence émotionnelle est plus développée sont plus enclins à adopter des comportements empathiques et pro sociaux, exprimer des émotions appropriées, être encouragés dans leurs apprentissages, et à s’adapter pour faire face aux émotions négatives. Toutes ces habiletés sociales soutiennent la réussite scolaire au cours des premières années à l’école et les relations interpersonnelles positives avec les pairs et les adultes.
Les émotions en question
Les émotions apparaissent par vagues. Les émotions primaires (la peur, la colère, la tristesse, le dégoût, la joie, etc.) sont liées à la première année de vie, tandis que les émotions secondaires (l’embarras, la culpabilité, la honte, etc.) s’expriment généralement à la fin de la deuxième année. La représentation mentale que les enfants ont d’eux-mêmes est acquise vers deux ans et les normes, les règles et les objectifs véhiculés par leur entourage ouvrent la voie aux émotions gênantes, comme l’embarras.
Les émotions jouent un rôle important dans l’apparition des psychopathologies pendant l’enfance. Les enfants qui ont vécu des expériences sociales négatives, comme de la maltraitance ou l’insécurité, manifestent de la vigilance lors de menaces, ils adoptent alors des comportements d’anxiété, d’agressivité et de peur pour se protéger. Leur affectivité négative, leur mauvaise régulation des émotions et les déséquilibres des différents systèmes émotionnels de leur cerveau (les systèmes de peur, de soins, etc.) prédisent les troubles internes et externes (dépression et agressivité, respectivement).
Que pouvons-nous faire ?
Pour soutenir la compétence émotionnelle des enfants, les professionnels sont encouragés à imiter diverses expressions émotionnelles. Nous savons aujourd’hui que les émotions sont impliquées dans la prise de décision, c’est dire l’importance de les prendre en considération.
Les poupées, marionnettes, jeux de cartes et tout support mettant en scène des émotions et expressions sont d’excellents jeux de communication et de dialogue pour faire maturer son cerveau et nouer des relations. Le bonheur, ça s’apprend !
NB : soyez assuré qu’aucun bébé n’a été maltraité pour la réalisation de cette photographie. Il montrait simplement son envie impérieuse de manger son croûton de pain en paix, ce que nous avons accepté avec bonheur.
1 Commentaire
Bertalmio Florence
15 juin 2023 at 14h44Tres beau article tres intéressant